En Floride, pas trace d’un Resto du Coeur. Il y a même des villes où il est interdit par la loi de nourrir les sans-abris, considérés comme des nuisibles à l’instar des pigeons parisiens dans les parcs.
C’est le cas de Fort Lauderdale, dans la banlieue de Miami.
(c) Jeffrey GutermanPourtant, l’ancien combattant Arnold Abbott, âgé de 90 ans, n’entend pas se laisser intimider par un texte de loi qu’il juge inique. C’est donc au mépris des diktats de l’état qu’il donne à manger aux SDF, par le biais d’une organisation qu’il dirige depuis vingt ans.
Arrêté par la police mercredi après-midi, Abbott déclare : “On ne peut simplement pas cacher les sans-abris sous le tapis (…) Il y a 10.000 sans-abris dans le comté de Broward, la majeure partie d’entre eux sont à Fort Lauderdale, et il n’existe pas de tapis suffisamment grand pour tous les cacher.”
Deux membres du clergé ont été arrêtés en même temps que lui, pour leur activité philanthropique hors-la-loi.
L’homme, surnommé “Chef Arnold”, promet de lutter contre l’ordonnance qui vient juste d’entrer en vigueur. Le maire de Fort Lauderdale, de son côté, s’explique sur cette mesure : “Les autorités veulent sortir des rues les sans-abris pour les mettre dans des endroits « où ils peuvent améliorer leur situation.”
Il ajoute que les actions d’Abbott ne sont pas productives, car elles maintiennent les sans-abris dans un cercle de précarité.
Le chef de la police précise : “L’objectif de l’ordonnance n’est pas d’éviter que l’on donne à manger aux sans-abris mais bien d’équilibrer les besoins de toute la population de la ville.”
En moins de deux ans, pas moins de 21 villes américaines ont pris des mesures identiques. Arnold Abbott menace d’intenter une action en justice. Il en avait déjà gagné une en 1999, lorsque la ville avait tenté une première fois d’imposer une telle interdiction.
En attendant, il risque 60 jours de prison ou 500 dollars d’amende. La charité coûte cher aux Etats-Unis.