Le Sénat américain, chargé de réaliser une étude sur “les techniques d’interrogatoire renforcées” utilisées par la CIA, a rendu hier ses conclusions. Le rapport est accablant : l’agence de renseignement américaine aurait fait un usage de la torture immodéré, inacceptable et par ailleurs inefficace.
Selon le rapport, qui compte 525 pages dans sa version publique mais plus de 6000 dans sa version complète (top secrète !), la CIA aurait soumis 39 détenus à des techniques violentes durant plusieurs années depuis l’an 2000. Elle aurait agi sans même s’embarrasser d’autorisations venant de l’exécutif.
Jack Bauer n’a qu’à bien se tenir : la réalité dépasse la fiction de quelques bons kilomètres, et les véritables agents agissent de sang-froid contrairement à ceux de la série 24.
Une pratique “officielle” de la torture avait été validée dès 2002 par le Président en fonction George W. Bush, sous le nom de “programme de détention et d’interrogatoire de la CIA”. Il a été ainsi autorisé de soumettre des prisonniers à des privations de sommeil, des expositions à de très basses températures et même des simulations de noyade. Frapper et jeter les suspects contre les murs servait évidemment d’échauffement lors de ces interrogatoires.
Des menaces sexuelles, des menaces de mort et des mises en scène d’exécution ont également été organisées : le prisonnier Abd Rahim Al-Nashiri a ainsi été mis sous le joug d’un pistolet, et d’une perceuse.
Le rapport a précisé que ces méthodes n’avaient démontré aucune efficacité, et n’avaient pas permis d’obtenir des informations cruciales de la part des détenus.
Le Président actuel Barack Obama a insisté pour qu’une version de ce rapport soit rendue publique, afin que ces pratiques ne se reproduisent jamais. Il a ajouté que les agissements de la CIA avaient terni l’image de l’Amérique.
La conscience américaine est perturbée par ces pratiques, s’il faut en croire la production de films comme Détention secrète avec Jake Gyllenhaal, ou No Limit avec Samuel L. Jackson.