Quand vous êtes au téléphone, il vous arrive sans doute parfois de griffonner machinalement sur un bloc-notes : des spirales, des carrés… Mais imaginez-vous l’émotion que ressentira l’être humain en découvrant vos oeuvres dans 500 000 ans, quand l’usage du papier aura disparu depuis bien longtemps ?
C’est ce type d’émotion qu’ont ressenti les scientifiques qui viennent de dater un coquillage gravé, trouvé sur l’île de Java il y a un peu plus de cent ans.
Les zigzags inscrits sur l’objet ont été analysés par une équipe de préhistoriens, qui ont désormais la certitude que ce gribouillis a été fait par un pithécanthrope, un Homo erectus asiatique, il y a environ un demi-milliard d’années. Il se trouvait alors sur le site de Trinil, situé sur le bord du fleuve Solo qui parcourt l’île de Java en Indonésie.
L’archéologue Francisco d’Errico, qui a travaillé sur le sujet, révèle qu’ “il s’agit de la plus ancienne expression graphique connue. C’est un comportement délibéré. L’homme a eu la volonté de faire un zigzag d’un seul coup.”
Le coquillage d’eau douce avait été trouvé lors de fouilles effectuées à la fin du XIXème siècle par Eugène Dubois, mais nul n’avait encore daté l’objet avec précision.
Un autre archéologue qui s’est penché sur le dessin, Wil Roebroeks, précise : “ »La découverte de ce coquillage gravé constitue une surprise car les gravures les plus anciennes connues jusqu’à présent sont plus jeunes d’au moins 300 000 ans. Toutefois nous n’utilisons pas le terme d’art ou de symbolisme, comme cela a pu être fait pour des gravures relativement comparables mais souvent plus complexes découvertes en Afrique du Sud et qui ont été réalisées par l’Homme moderne il y a 100 000 ans.”
Les dessins des grottes de Lascaux, par exemple, datent de 15 000 à 18 000 ans. C’était hier.
Les résultats des recherches de ces paléontologues sont parus récemment dans la revue scientifique Nature.