Il y a deux ans, le scandale de la viande de cheval dans des plats cuisinés levait le voile sur des pratiques illégales et répétitives dans l’industrie de la viande. Aujourd’hui, un ancien acteur de ce secteur publie un livre dans lequel il revient sur ses années passées comme cadre dans un abattoir.
Intitulé « Omerta sur la viande », l’ouvrage révèle les dérives de Castel Viandes, une entreprise qui compte pour clients des grands noms de la distribution (Auchan ou Système U), des traiteurs industriels (Lustucru ou William Saurin) et des chaînes de restauration rapide (Flunch ou McDonald’s).
Pierre Hinard, ancien cadre chez Castel Viandes, dénonce notamment la répétition de pratiques illégales et dangereuses, comme la « remballe ». ce terme courant dans le monde de l’abattoir désigne le recyclage de viandes issues d’invendus de supermarchés. L’auteur explique notamment comment des ouvrières doivent trancher une viande avariée, à l’odeur écoeurante, vouée normalement à la poubelle.
L’entreprise Castel Viandes bénéficie toujours d’un agrément sanitaire malgré la révélation des abus
L’ancien cadre dit avoir été témoin de ces pratiques entre 2006 et 2008, année de son licenciement. Il a confié à la presse, en marge de la sortie de son livre, qu’elles existaient avant son arrivée, qu’il a tout fait pour en venir à bout et qu’elles existent probablement encore.
Son témoignage a abouti en 2013 à l’ouverture d’une information judiciaire et à la mise en examen du PDG de Castel Viandes et de deux cadres en juin et juillet 2014. Ces premières mises en cause ont aussi conduit la Direction générale de l’alimentation (DGAL), qui dépend du ministère de l’Agriculture, à procéder à six mois de « contrôles renforcés » entre mars et septembre 2013.
Mais l’entreprise poursuit son activité depuis cette date, puisqu’un rapport favorable a été publié après la dernière inspection début octobre 2014. L’agrément sanitaire, obligatoire pour ce type d’entreprise, n’a pas été levé. Pour Pierre Hinard, l’auteur de « Omerta sur la viande », il n’y a qu’une seule explication: les services vétérinaires du ministère sont absents ou corrompus.