Alors même que la bataille pour l’égalité des salaires entre hommes et femmes fait rage depuis des décennies, plusieurs enquêtes récentes font état d’un autre déséquilibre inexplicable : la plupart des produits et services destinés aux femmes seraient plus chers que leurs équivalents pour les hommes.
Ainsi, deux sachets de rasoirs jetables posés côte-à-côte, de la même marque, sont destinés respectivement aux femmes et aux hommes. Les rasoirs pour femmes, dans un sachet rose, sont au nombre de cinq et coûtent 1.80€. Les rasoirs pour hommes dans leur sachet bleu, sont dix et coûtent 1.72€. Cherchez l’erreur…
La secrétaire d’Etat aux Droits des femmes compte bien s’attaquer à ce chantier sous peu. Ces différences de prix, omniprésentes, ont été regroupées sous l’appellation de “taxe rose”.
Le collectif féministe Georgette Sand a entrepris de recenser un maximum de disparités de prix pour pouvoir monter un dossier cohérent sur le sujet.
Dans le même temps, il a lancé une pétition “Stop aux produits plus chers pour les femmes !”, qui compte déjà vingt mille signatures au bout d’une semaine.
Parmi d’autres exemples, on relèves les notes de teinturier (5€ pour un chemisier de femme, 4€ pour une chemise homme), les tarifs des coiffeurs (shampoing et coupe : 8€ pour un homme, 13€ pour une femme).
Géraldine Franck, qui a découvert récemment le pot-aux-“roses”, explique : « On sait qu’il y a eu des enquêtes aux Etats-Unis et on savait qu’on trouverait des différences… Mais pas autant et pas si rapidement. En trois heures de balade dans mon quartier, j’avais déjà pris une quinzaine de photos éloquentes. »
Aux USA effectivement, le magazine Forbes a récemment calculé qu’une femme devait essuyer environ 1100€ par an d’inégalités de prix injustifiées.
Certains distributeurs tentent déjà de s’expliquer. Ainsi, un représentant de Monoprix déclare : « L’écart de prix entre les références pour les femmes et les hommes s’explique par les caractéristiques intrinsèques des produits ainsi que par les volumes de vente ». Par ailleurs, « les volumes de vente largement supérieurs pour les hommes permettent un prix d’achat inférieur. »